Base et parc nautique de l’Île de Monsieur, Sèvres [92]
Après les îles St Germain et Seguin, l’Île de Monsieur est un site majeur dans la continuité paysagère et écologique du Val de Seine.
Prolongement naturel du parc de Saint-Cloud vers les berges, espace en friche libéré de la circulation automobile, l’enjeu de l’aménagement de cette ancienne île rattachée à la terre, qui tient lieu de gare routière pour Renault, était la reconquête de sa relation avec le fleuve et son désenclavement par rapport à son environnement.
Le projet d’aménagement global se situe sur un site exceptionnel et très contraint (site classé, pollué, inondable).
Le plan masse retisse des liens avec la Seine, dans un contexte urbain où fronts bâtis et nœuds routiers prédominent. La base offre une respiration paysagère.
Des deux hangars préexistants et de leurs quais en béton ne demeurent que des débris concassés réemployés pour composer les revêtements de sol, afin de garantir leur perméabilité. Étant donné le caractère inondable du terrain, un cahier des charges drastique de gestion des terres et des eaux est mis en œuvre par les architectes. Les eaux de pluie sont stockées dans une citerne pour l’arrosage et les toilettes. Par ailleurs, les eaux de forage des pompes à chaleur servent au chauffage et au rafraîchissement des bâtiments, et alimentent le bassin d’esquimautage et la rivière d’agrément.
Un chapelet de hangars pour les clubs (aviron, canoës-kayaks, voile) s’appuie sur le parcours du tramway, dévoyé dans l’intérêt du programme. Plus avant vers les quais, posé sur pilotis, le club house central, vitré mais tempéré, génère des perspectives vers le ciel et le fleuve, ainsi que des dilatations spatiales en balcons. Entre deux, un platelage de bois crée un vaste belvédère qui s’étire en promenade aux points d’accès.
Corroborant l’attention portée au paysage, les bâtiments sont en ossature bois non traité, les jours en étant tamisés par des toiles microperforées favorisant la ventilation naturelle. La conception des bâtiments de stockage répond à un triple enjeu d’économie d’énergie, de confort d’ambiance, et de qualité architecturale.
La résille microperforée des façades baigne les espaces intérieurs d’une douce lumière naturelle, alors que, la nuit venue, elle transforme les hangars en lanternes urbaines.
La toile microperforée permet la ventilation exclusivement naturelle des bâtiments de stockage.
Des panneaux solaires préchauffent l’eau chaude sanitaires des vestiaires et quelques panneaux photovoltaïques constituent une extraversion de l’aspect écologique, alors que l’ensemble nouvellement bâti inspire déjà le respect.
Le Parc se développe en contrebas du côteau de Saint-Cloud et du Parc du même nom. En bord de Seine, le site en zone rouge du PPRI a fait l’objet d’une demande d’Autorisation au titre de la Loi sur L’eau. Les déblais et remblais ont été équilibrés sur le site, de sorte que l’évacuation de terre a été minimisée. Des merlons arborés ont été créés le long de la nouvelle voie de tramway qui longe la RD7. Associés à la présence d’un cours d’eau, ils contribuent à apaiser notablement les nuisances acoustiques qui existaient. Le projet intègre un schéma de gestion de l’eau poussé, associant pour répondre aux différents besoins la récupération des eaux de pluie, pour les wc et l’arrosage ponctuel du parc, l’exploitation des eaux de nappe en sortie des pompes à chaleur réversibles, en complément des eaux de pluie, l’alimentation des différents bassins avant rejet en Seine. L’ensemble des eaux de ruissellement sont infiltrées sur la parcelle, celle-ci n’étant pas connectée au réseau collectif.
Le deck et les promenades en bois surplombent légèrement le terrain naturel, éléments artificiels sur cette friche aménagée afin de favoriser le naturel renouveau du biotope. L’eau circulant dans les PAC est issue de forages profonds dans la nappe phréatique. Elle complète après usage, la citerne de stockage des eaux de pluie, utilisée pour les chasses-d’eau, mais alimente aussi le bassin d’esquimautage, la rivière d’agrément, avant d’être rejetée en Seine.